Kokhloma

Tout le monde connait la peinture sur bois de Khokhloma, petite village de la region de Nijni Novgorod

Ce n’est pas par hasard que les ornements de la peinture de Khokhloma évoquent les herbes touffues peintes en vermillon sur les vignettes dorées des livres manuscrits ou bien les cadres pittoresques des icônes hagiographiques du bassin de la Volga — avec feuilles frisées dorées, rinceaux souples grimpants sur le fond vermeil ou noir, et la combinaison des couleurs rouge, noir et or propre à la peinture décorative de cette région avaient déterminé les traits particuliers du coloris de la peinture. Il est à noter que l’utilisation de ces trois couleurs tant pour la décoration des objets de culte que pour l’ornementation des icônes avait un sens profond: le rouge était identifié avec la beauté, l’or symbolisait la lumière spirituelle, et le noir était le symbole de l’affliction bienheureuse, purifiant l’âme humaine.

L’ornement d’herbes qui constituait le plus beau fleuron de l’héritage artistique de Khokhloma a rempli la peinture paysanne d’un sens vivant de la nature. En même temps, les images utilisées dans les ornements d’herbes sont folkloriques. Les touches savoureuses représentant les brins d’herbe, les rejaillissements des flammes du vermillon, les lignes élégantes du dessin exprimaient le rêve du beau que nourrissait un peintre villageois, son désir de transformer un modeste brin en plante extraordinaire, qui ondule en volutes fantasques. Les mêmes choses sont exprimées dans les chants nuptiaux où «grimpe en vrille un puissant houblon d’or», sur la voie qui mène le fiancé vers sa promise poussent des fleurs et s’incline «l’herbe soyeuse». D’après leur système poétique et leur rythmique les ornements d’herbes sont proches du chant populaire où les émotions lyriques sont souvent exprimées à travers les images de la nature.